Pour découvrir sa performance, voici son récit.
"A l'Ice Trail Tarentaise il y avait deux courses : Le 70 km, qui
était support des championnats d'Europe de Skyrunning et le 32km (
l'Altispeed comme ils l'appellent) plus court mais qui emprunte les
passages les plus raides et les plus techniques de la grande course.
Etant donné que je n'ai repris à courir qu'il y a un an et que je guette
toujours le retour de blessure, j'ai préféré m'inscrire sur cette
seconde course.
Le parcours s'est découpé de la manière suivante :
Une
première partie s’étale du centre ville de Val d'Isère, village de
Haute Tarentaise perché à 1850m d'altitude et station de ski très
réputée, jusqu'au hameau du Manchet en longeant le ruisseau de la
calabourdane. Quatres kilomètres très roulants où les nombreux parisiens
et autres novices survoltés on pu courir aux côtés des élites de cette
course. Moi j'avais déjà l'impression de pas être tout à fait à ma place
mais je trouvais malgré tout que Thibaut Baronian (Team Salomon Elite)
n'allumait pas plus que ça. Je suis donc resté avec eux :)
Aussitôt,
nous avons lancé les hostilités en s'attaquant au col des Fours. Une
montée régulière de moins de 4km pour une élévation de près de 1000m
pour arriver à 2950m dans une ambiance très rocheuse. De magnifiques
paysages mais un tracé raid et exigent où je grappille quelques places
tout du long pour arriver en 5ème position au col. Les marmottes nous
ont encouragé tout au long de cette grimpette mais pas une seule n'a
daigné nous suivre ! On devait déjà pas sentir très bon :)
Jusqu'ici tout va bien !
On
bascule du côté du col de l'Iseran pour se lancer dans une cavalcade
descendante sur environ 3km. Le sentier est parsemé de névés encore
fermes (nous sommes aux alentours des 10h du matin) où mon poursuivant
aux quatres jambes (il a des bâtons ce bougre) me passe devant alors que
je me refait une petite santé en avalant un gel.
Aussitôt
l'emballage consciencieusement rangé dans une poches à fermeture éclaire
(les déchets c'est dans les poubelles !!!!), je me remets à ses
trousses et lui montre que finalement, dans les cailloux, les bâtons
c'est pas si bien que ça ;)
J'arrive alors sur la route du col
de l'Iseran qu'il faut maintenant remonter jusqu'au premier
ravitaillement à la moitié du parcours.
Chaude
ambiance au ravito, j'en profite pour arrêter de courir 3 secondes et me
délecter d'un succulent quartier d'orange. C'est fou comme tout parait
succulent quand on en bave pour l'avoir !
Derrière
cet interlude de douceur et de vitamines se cache malheureusement une
réalité plus violente : il faut maintenant monter au sommet de
l'aiguille Pers (3386m) alors que nous sommes sous les 2800m
d'altitude... Un sacré pétard qui a mi-course en calmera plus d'un, moi y
compris ! Je reste en 5ème position pendant une bonne moitié de la
monté mais de vilaines crampes s'en prennent à mes mollets et me font
douter sur ma capacité à finir la course... Je décide de lever le pied
pour me remettre dans l'axe mais ce n'est pas chose aisée dans cet
univers de caillasses glissantes et de neige molle sur ce glacier du
Grand Pisaillas. Au sommet, j'ai la chance de ne pas sentir les effets
de l'altitude. Les récentes sorties avec mon pote Quentin à Gap dans les
Ecrins et le repérage du parcours 15 jours avant n'auront pas été
inutiles. Je suis cependant dans un paquet de 4 coureurs qui vient de se
former au checkpoint, donc potentiellement 9ème.
Coup
de bol pour moi, quand au est au sommet d'une montagne, la seule option
possible c'est de descendre. Et moi, j'adore ça descendre ! Les molets
sont toujours sensibles mais qu'à cela ne tienne, on va voir où tout ça
me mène. Je mets donc la truffe dans la pente, je penche un peu les
épaules et je laisse la gravité faire le reste. Et ca marche ! Je me
retrouve à nouveau avec le 5 en laissant les autres assez loin derrière
ce qui me rassure quant à mon état de fraîcheur. Je passe sous silence
le moment où ladite truffe s'est trouvée tellement dans la pente qu'elle
est entrée en contact direct avec la poussière et les graviers... Le
fait que j'ai un grand nez n'explique pas tout :)
De
retour au col de l'Iseran, nous attaquons l'ultime raidillon qui nous
amènera à l'entré du petit tunnel des Lessières à plus de 3000m lui
aussi. A l’entame de cette nouvelle difficulté, je suis 7ème. La chute
ayant réactivé les crampes, j'ai préféré m'arrêter à nouveau au
ravitaillement et prendre le temps de refaire le plein de tout ce qui me
passait sous les yeux car la route est encore longue. Le 8ème et le
9ème se calent juste derrière moi de façon à me rappeler qu'il ne faut
rien lâcher. C'est donc ce que je fais alors que mes cuisses se mettent
elles aussi à réclamer un peu de repos... La trace est relativement
difficile à trouver dans un éboulis assez peu fréquenté où la neige n'a
pas encore dit son dernier mot.
A la sortie du
tunnel, nous sommes à nouveau au coeur du domaine skiable. Zone
légèrement moins sauvage mais pas moins vallonnée...
Alors
que je sers les dents pour faire à nouveau le trou sur mes
poursuivants, j'entends un coureur me rattraper avec une foulée
étrangement légère aux vues de l'avancée de la course. En me retournant,
je réalise qu'il s'agit de Julien Navarro, nouvelle recrue du team
Salomon qui a du prendre son temps sur la première partie du parcours et
qui terminera finalement 6ème devant son collègue Matthias Mouchart, 5'
devant moi. C'est la première fois que je me fais doubler en descente
sur une course, j'espère que ce sera la dernière !
Je
gère toute la fin de la descente pour ne pas laisser les crampes
prendre le dessus mais en gardant un oeil dans le rétro tout de même.
Finalement,
à l'approche de la ligne d'arrivée j'ai environ 200m d'avance sur Robin
Juillaguet avec qui j'ai fait une bonne partie de la course. Je décide
donc de l'attendre et nous arrivons main dans la main avant qu'il ne
s’effondre à côté de moi...
En conclusion,
2500m de dénivelé positif et 32km avalés en 3h37. Les 7 coureurs devants
ont été très forts et j'ai certainement payé mon manque d'expérience
sur ce type d'épreuve. En revanche, c'est exactement le genre de
parcours que j'affectionne, des longues montés très raides, des
descentes rapides et techniques et un panorama à 360° sur le parc
national de la Vanoise. Ca change peut être un peu du parcours sportif
de Mortagne et de la Barbinière mais je n'oublie pas que c'est là bas
que j'ai appris à courir."